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Clap de fin !


A peine arrivés et nous voilà à nouveau forcés de nous ajuster au moule imposé par notre société contemporaine. Un weekend de déballage de cartons, quelques jours d'acclimatation à notre nouvel environnement (du béton, du bruit, de la pluie et une grande proportion d'abrutis - ce n'est pas que pour la rime!) et il semblait que notre voyage était déjà un lointain souvenir. Que les choses vont vite ! 
Tiphaine a repris masquée le chemin de son travail pour récupérer un pc et s'initier au télétravail tandis que j'activais mes droits à l'aide au retour à l'emploi. N'ayant pas eu la même veine qu'à mon retour d'un an en Afrique à vélo, voilà maintenant 6 ans lorsque mon poste futur n'attendait que mon retour, je me suis jeté dans la recherche du job rêvé, you know, celui au soleil avec vue sur la montagne et la falaise de grimpe à 20min, en mode 4/5ème annualisé même sans enfant, bien payé, avec un chouette patron et une super ambiance d'équipe. Bref, j'attends de Pôle Emploi, l'Apec ou LinkedIn un miracle :-)

Alors ce voyage ? Au regard des événements qui ont chamboulé cette singulière année 2020, une réussite clairement ! Il y aura donc eu 3 phases, bien distinctes, avec leurs hauts et bas ! Et je ne parle pas que du déniv ;-) 

La première, dans la plus grande insouciance, depuis la Péninsule du Yucatan vers Panama City. C'était un voyage en soi, avec la découverte de l'Amérique Centrale. Chaque voyage est à l'image de chaque voyageur, à deux il faut composer. Pas d'exploit sportif, une ouverture sociale modérée et une grande appétence pour une Nature vierge, protégée et respectée. Alors certes il aura fallu avancer, malgré la chaleur humide, les pentes raides et les camions nous recrachant leur trop plein de particules à même le visage, mais au final on a roulé en moyenne qu'un jour sur deux, le reste du temps étant dédié à des visites de parcs, villes, sanctuaires ou marchés. Un juste équilibre entre le cyclotourisme et le cyclovoyage.
L'Amérique Centrale est riche, riche de ses femmes et hommes, riche de sa nature, riche de sa culture. Chaque passage de frontière augure un nouveau dépaysement, de nouvelles expériences culinaires, de nouvelles traditions, de nouveaux paysages tandis qu'une chose reste commune, la langue. Et c'est un confort non négligeable pour se faire comprendre mais surtout mieux comprendre. Vous l'aurez compris, nous avons vraiment aimé arpenter ce petit bout de continent en débardeur, short et sandales et c'est pas seulement parce que l'on y a croisé des toucans et des aras macao ! 

La seconde phase, celle du confinement, aussi imprévue que bouleversante, nous aura poussé dans nos retranchements et nos doutes. Alors bien sûr quand on dit que nous avons fait notre confinement sur les îles Galapagos, cela laisse songeur et fait sourire :-) Y'a pire nous dira-t-on ! Mais vivre presque 3 mois dans une chambre d'hôtel avec autant d'affaires que peu contenir un sac à dos, sans routine, réduit à contempler l'horizon infini du pacifique alors que nous étions dans un mode  d'itinérance permanente, ce n'est pas si facile. Un sentiment d'injustice aussi que cela tombe pendant cette année de voyage, mais c'est ainsi. 
Nous nous sommes aussi rendus compte que vivre loin de chez soi, loin de ses repères, sans réussir à comprendre les comportements et les décisions face à l'urgence, c'était difficile. Tiphaine a du m'inculquer la patience, il a fallu revoir nos plans, attendre sans savoir et ne pas succomber à la facilité de prendre un billet de retour proposé par l'ambassade. Mais nous l'aurions vécu comme un échec, alors qu'en stand-by, nous avions l'impression de n'avoir à gérer qu'un contre-temps ! Tu n'es pas perdu tant que tu peux avancer, tu n'as pas terminé tant que tu n'es pas rentré. 

La troisième phase, c'est celle de la renaissance, celle du pied-de-nez de la mobilité à vélo. Coup de chance pour nous, la situation en Equateur s'est décantée plus rapidement que dans le reste de l'Amérique du Sud. Sans trop savoir où cela allait nous menait, mais parce qu'il semblait que la petite reine n'avait jamais aussi bien porté son nom, nous avons repris en conquérant la route des volcans. L'Equateur ne ressemblait pas à ce que l'on avait imaginé, la magie des marchés, la gaieté des locaux, l'accès à des espaces préservés, tout cela n'était qu'une lointaine illusion. Mais nous étions libre. Libre de nous déplacer, libre de décider, libre de vivre. Et c'était finalement le plus important. 
Les cartes avaient été rebattues, nous avions en main quelques atouts. Et sur un plateau chamboulé, après l'Equateur, nous avons joué notre plus belle main : une remontée des Balkans et des Alpes à vélo, depuis la Grèce. Alors certes on a délaissé nos rêves de sommets péruviens, d'altiplano bolivien, de déserts chiliens, mais nous restions en mouvement, avec un objectif de taille dans un environnement de premier choix !
La puissance du passeport européen, la facilité de voyager dans notre vieux continent, la douceur d'une saison estivale, tout était réuni pour que nous transformions cette dernière partie du voyage en véritable expérience de vie. Ce n'était plus une destination par défaut mais un voyage à part entière.

Il faudrait des pages et des pages pour résumer ces 11 mois de vadrouille. Vous seriez lassés ;-) Pour les statistiques et les tracés, la page Itinéraires et Chiffres a été mise à jour. 
Disons que nous avons réalisé ce voyage comme nous souhaitions le vivre : zéro contrainte (pas de sponsors, pas de canaux sociaux, pas de financement extérieur) ; une itinérance marquée et un appétit insatiable de nouveaux horizons (rares sont les endroits où nous sommes restés plus de 4 jours) ; un intense rapport à la Nature (il n'existe pas d'hôtel qui magnifie autant la contemplation qu'un bivouac) ; une sociabilité minimale sans pour autant négliger le partage avec les populations locales (nous n'avons que peu dormi chez l'habitant) ; enfin un sentiment de totale liberté ou presque ! 

De ce voyage sont nées 1001 idées de projets, certaines éphémères, d'autres avec la volonté de les matérialiser. Et pour les mener à bien, il était important de rentrer. Rentrer pour mieux repartir bien sûr, mais aussi rentrer pour se ressourcer. En cela nous sommes contents de poser le vélo, de retrouver un confort et de suivre une routine. Contents d'embrasser notre famille et nos amis (dans le respect des règles de distanciation qui s'imposent, bien entendu), de se rapprocher de toutes les personnes qui nous ont suivi tout au long de ce périple, le Papi de 96 ans penché avec sa loupe au-dessus d'une carte papier, l'ancien.ne collègue en pleine introspection professionnelle ou l'ami.e de 10 ou 20 ans voguant vers ses propres aventures. Merci à tous de nous avoir suivis, soutenus et encouragés dans ce grand projet. Nous espérons que les photos et récits vous auront aussi permis de voyager.

En conclusion, je dirai qu'il n'y a rien qui puisse justifier de ne pas partir sur les routes. Si ce n'est l'envie. Et qu'il n'est pas difficile de partir, voir même de repartir tous les 6 ans ;-) A bon entendeur, la bise !


Commentaires

  1. Le mot de Philippe, papa d’olivier.

    Fini le mail nous annonçant un nouveau texte de l’équipe Tiphaine-Olivier, fini la recherche sur google map de l’itinéraire suivi, fini les photos qui font rêver, fini les contacts via WhatsApp, fini l’impression des textes pour les envoyer à Papi, fini les demandes au téléphone du même papi « et vous avez des nouvelles d’Olivier et Tiphaine ? ».
    Les CR toujours captivants, toujours magistralement écrit (quand on se souvient avoir voulu donner des cours de Français à Olivier quand il était petit !!) que l’on attendait patiemment.
    Merci d’avoir partager votre voyage pour que nous puissions nous évader de notre quotidien.
    Bises, à dans 5 ans (n’attendez pas trop, je vieillis !).
    Togo.

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