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L'Arc Alpin (3/3) : Un Finish en Famille

 


Aïe aïe aïe, Chamonix, son Mont-Blanc et ses glaciers tortueux, intimidants même, voilà qui sentait fortement la fin !

Alors pour clôturer avec panache notre voyage à vélo de 10 mois nous avons proposé à nos pères respectifs (Claude pour Tiphaine et Philippe pour moi) de nous accompagner sur les derniers kilomètres entre Chamonix et Romans-sur-Isère. Plutôt que Lyon, nous avions choisi ce point final du voyage pour retrouver notre fidèle berlingo et beaucoup d'affaires, restés sous la surveillance de Thomas & Gaëlle. Merci à eux!

Après des retrouvailles familiales pleines d'émotions (même la maman de Tiphaine était présente !), nous avons pris position sur notre emplacement de camping avec 3 fois plus de bordel que d'habitude ! Faut dire, nous avions maintenant 3 tentes, les papas dormant chacun dans leur habitacle pour plus de confort. Faut dire les jeunes retraités ont des nuits plutôt décousues. Ils peuvent vous faire un compte-rendu chaque matin : [Philippe] "à 1h Oliv s'est levé (bruit de fermeture éclair, 2 fois), à 3h Claude avait la lumière allumée dans sa tente, à 5h j'ai bouquiné, à 7h votre réveil a sonné et vous sortez que maintenant ?! Il est 7h25, qu'est-ce que vous foutez ?!"...

En mise en bouche nous avons proposé une journée de repos classique ;-) Tiphaine est partie avec son père pour aller voir de plus prêt la fameuse jonction, point de rencontre du glacier des Bossons et du Taconnaz, tandis que nous sommes partis avec mon père sur l'aiguillette des Houches pour avoir une vue panoramique sur tout le massif du Mont-Blanc : spectaculaire ! Bref, trois fois rien, dans les 1000m de déniv pour s'assurer qu'ils avaient la caisse (et ils l'avaient) ! Parce que pour la fin du périple, on n'avait pas prévu de la faire tranquillou pépouse en suivant la via rhôna. On avait des stats à tenir, ca restait un voyage et pas des vacances, et il fallait être sûr qu'à la fin de la journée, ils s'endorment comme des bébés ! Pour ça, le programme était tout trouvé :D

Donc, nous étions tous ensemble dans la joie, la bonne humeur et une douce insouciance, prenant nos nouvelles marques sur les premiers kilomètres. Mais seulement les premiers kilomètres... Parce que bien sûr, au dernier moment, il y a eu un affinage du tracé et il a été décidé de monter au col Voza par la piste. [Tiphaine] "Une chouette bonne idée, dites-donc !"...

Pour remettre un peu de contexte dans cette décision, le tracé originel de la famille Tsaga incluait une montée en télécabine depuis les Houches en haut du col Voza, dont la vue sur les glaciers du massif est vraiment incroyable. Mais bon, c'était un peu tricher (éthique, quand tu nous tiens...), alors en y regardant de plus prêt, j'avais émis l'idée de passer par la piste. Notre appli préférée annonçait 2,5km, 450mD+, 8 sections à plus de 25%, du très très costaud, Tiphaine a posé son veto. Une alternative avait été trouvée, on passerait par la route. Sauf que... lors de la balade avec mon père, depuis l'autre côté de la vallée, nous avons eu une vue dégagée sur le fameux col en question et sa piste. Cela semblait [Olivier] "débonnaire, sur une piste bien carrossable". En un tour de mots mon père était convaincu de la faisabilité du projet, nous le soumettions le soir même et il était validé par les plus hautes instances de l'organisation . En fait, Tiphaine persuadée de l’échec de l'entreprise a tenté d'argumenter, devant le manque d'écoute, elle s'est tue et j'ai pris ça pour un feu vert...

Tiphaine m'avait prévenue : "je ne veux pas que mon père pousse son vélo le 1er jour après à peine 5km et qu'il soit dégoûté..." ! Et bien figurez-vous qu'il n'a poussé son vélo qu'à partir du... neuvième kilomètre ! Car, en fait, la piste, elle était pas si carrossable que ça et que les pourcentages annoncés n'étaient pas vraiment volés ! D'ailleurs tous les vttistes montaient en télécabine pour ne faire que la descente et les randonneurs croisés ne savaient pas s'il valait mieux nous encourager ou nous conseiller de redescendre prendre les remontées mécaniques ! Mais le problème, c'est qu'une fois dans la galère, on se dit toujours qu'on va bien finir par en sortir (ça paaaaasse !). Plus on avance, plus on en bave, plus on est lent, plus on doute, mais on ne veut surtout plus faire demi-tour ! :D

Donc on a mis au point la fameuse technique du poussage collectif ! D'autant plus que mon père était équipé d'un vélo électrique (pour palier une éventuelle défaillance physique sur la durée), l'attelage, sacoches comprises devait avoisiner les 50kg ! Le concept disruptif et innovant (start-up nation oblige) consiste à poser tous les vélos en vrac sur la piste, à former 2 équipes pour monter dans un premier temps les vélos de Tiphaine et Claude, chaque coéquipier occupé ou à guider la roue avant ou à pousser derrière. Une fois une ou deux épingles franchies, les vélos sont posés en vrac et tout le monde redescend pour s'occuper des vélos restants. Pour le vélo de mon père, il fallait non pas une mais deux personnes au poussage. Pour le mien, si j'avais les jambes je pouvais tenter de pédaler sur 50 mètres et sinon, le mieux était d'avoir 1 à 2 personnes pour me pousser pendant que je pédalais ou à défaut poussais mon vélo ! Et il a fallu répéter ça sur bien 2km, 400mD+ (à multiplier par 2 puisqu'il faut monter/descendre/remonter) en un temps record de 3h ! :-)

Alors oui, les critiques ont fusé, mon aura de guide en a pris un coup, la confiance du père en son fils ébranlée (celle du beau-père en son beauf j'en parle même pas...), mais avouez, en terme de team building, on ne fait pas mieux ! Une fois arrivés en haut, et accessoirement une fois la stupéfaction de voir une gare de tramway en haut du col (!!!... la faute aux fainéants de la voie normale du Mont-Blanc), nous avions une équipe soudée comme jamais ! Merci qui ?!

Bref, nous étions en haut, la vue à la hauteur de l'effort (mouais...) et une coalition paternelle s'est créée pour demander à Tiphaine (la sage !) de revoir la suite du parcours de la journée qui incluait une seconde... piste ! 

Outre cette "anecdotique" aventure le reste de la semaine s'est déroulée sous d'heureux auspices : petites routes goudronnées et panoramiques loin de la circulation pour découvrir les Aravis, les Bauges, le Grésivaudan et le Vercors ; grand soleil tous les jours pour faire sécher tous les midis l'ensemble de nos toiles de tente pleine de l'humidité de la nuit ; quelques belles pentes roulables (cols des Aravis, de l'Arpettaz, des Prés, de Saint Nizier de Moucherotte, etc.) pour que Claude puisse comparer sa puissance de poussée à celles des coureurs du Tour de France ; apéro et camping tous les soirs pour le plus grand confort de toute l'équipe et pour fêter dignement notre passage de la barre des 100km de dénivelé positifs à vélo ! Ma seule véritable obligation était de faire un débriefing détaillé de l'étape du lendemain chaque soir et de laisser les autres participants choisir entre l'inégalable piste carrossable débonnaire et le bord de route délimité pour les cyclistes...

En conclusion cette semaine à 4 aura été une chouette opportunité de (re)découverte de cette région et surtout de vivre un partage unique entre pères-enfants ! En plus il y a vraiment dans nos Alpes françaises de magnifiques coins pour rouler (même si les pistes cyclables sont quasi-inexistantes en comparaison avec nos voisins transalpins). Claude aura été impressionnant de forme physique (un bon partenaire pour donner du rythme dans les montées). Mon père très solide sur ses cuissots n'a utilisé que le mode Eco de son vélo en montée, que le mode Off sur le plat et en tout nouveau retraité s'est promis de repartir en cyclo-voyage au plus vite. A son habitude Tiphaine la force tranquille, avec son imperturbable rythme de croisière, aura assuré le reportage photographique, égayé cette semaine en famille et tempéré mes idées farfelues. Enfin je n'ai pas été en reste, débitant tout un tas d’âneries, mouillant le tee-shirt dans les montées et m'affalant pour une sieste bien méritée après le picnic !

Et c'est ainsi que nous avons terminé ce voyage de 10 mois et demi initié au Mexique, écourté en Equateur, repris en Grèce et achevé dans la Drôme. 19 pays traversés, presque 9500km de vélo, 100km "To the Moon" et 11700 photos ! Mais derrière ces chiffres c'est avant tout une tranche de vie à deux vécue à 200%, une itinérance continue qui définie notre vision du voyage, des souvenirs et anecdotes par dizaines, des images/des émotions/des sons/des comportements/des échanges partagés. C'est beaucoup, vraiment beaucoup. Alors à chaud nous essaierons de vous proposer un dernier article "Clap de fin" !

Prenez soin de vous, Ciao !

Olivier & Tiphaine

Commentaires

  1. La fin d'un épisode de votre belle aventure sur les chemins du monde et de la vie, il y en aura d'autres ;)
    Bravo pour le blog, merci de nous avoir fait partager les images, les anecdotes, les émotions !
    ACl

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