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L'Arc Alpin (2/3) : de Bolzano à Chamonix


Des lacets, des granges à foin, des glaciers et beaucoup, beaucoup d'humidité ! Voilà comment résumer notre deuxième acte de la traversée de l'arc alpin entre Bolzano (fin des Dolomites) et Chamonix (entrée en France) ! Mais il s'est tout de même passé un peu plus que ce que 4 mots peuvent résumer ;-)

Nous l'avions annoncé, nous ne sortirions pas de l'Italie par la petite porte. Avant d'entrer en Suisse, nous avions choisi d'avaler les 48 épingles de la face nord du Stelvio, un col perché à 2758m d'altitude que tout cycliste qui se respecte se doit d'épingler à son palmarès ! Alors bon, comme nous étions chargé de 50kg de plus que le sportif local, nous avons choisi de diviser l'étape en 2... pour y intégrer une journée de 8h de repos rando [NDLR] et ainsi transférer la récupération fatigue des cuissots vers les jumeaux ! Vous l'aurez compris Tiphaine et moi ne sommes pas complètement raccord sur la définition de la journée "off", malgré une subtile propagande de ma part :-)

Bref, les lacets (de la plus belle route du monde selon un magazine de moto !) ont été grimpés avec une vue époustouflante sur le glacier de l'Ortles, un presque 4000 du Parc National du Stelvio. Pour sûr nous n'étions pas seuls puisque nous avons vu défiler une quantité hallucinante de groupes de motos plus ou moins sportives mais systématiquement bruyantes, de voitures de collection (la Porsche étant réservé au commercial allemand, la Ferrari au paysan suisse) ou de camping-cars blancs ! Malgré ça le cycliste a encore bien sa place sur le goudron et nombreux sont ceux qui nous ont doublé (en nous félicitant sans se douter que la veille nous étions de détente). Même, certains pédaleurs fébriles après 1800m de dénivelé positif ont vu leur moral se briser lors d'une de nos attaques en moulinette (le subterfuge n'étant bien évidemment pas révélé) !

Veni Vidi Vici et la Suisse nous ouvrait grand ses portes ! 

Il est marrant de voir que nous avons certainement croisé le plus de cyclo-voyageurs en territoire helvète alors même que tous se plaignent d'un niveau de vie hors de prix et d'une intimidante répression vis-à-vis de l'établissement du bivouac entre deux granges à foin ! D'autant plus que chaque canton (en plus du plurilinguisme suisse-allemand, suisse-italien, suisse-français, allez vous y retrouver dans tout ça!) applique sa propre réglementation :-( Pour l'anecdote nous avons croisé par hasard un cyclotouriste en route depuis 3 ans que nous avions déjà rencontré à la frontière Salvador/Honduras en Janvier 2020 ! Improbable... Oh comme le monde à vélo est petit !

Donc pour la Suisse, comme tout le monde, nous avions fait nos courses avant de passer la frontière mais en s'autorisant tout de même à s'acheter du pain frais tous les jours et en dépensant tout l'argent qui nous restait à la fin de la traversée en chocolat :-) Faut savoir bien vivre.

Mais pourquoi donc les gens viennent rouler ici ? Parce que c'est sacrément bien aménager (des pistes cyclables pour tous, voir des pistes roller ou pistes de canoë - une rivière quoi), incroyablement beau (cols, montagnes et glaciers à portée de roue ou de semelle) et qu'en Août il peut y faire beau ! 

Autant dire que sur ce dernier point nous avons été beaucoup moins chanceux que sur les deux premiers. Du Val Mustair nous n'aurons vu que les nuages gris, la pluie et la neige ; Il a fallu faire un détour par Livigno (en Italie) pour se réfugier 48h dans la salle hors-sac d'un camping pendant que 150mm d'eau se déversait sur le toit de notre tente perméable ; Nos extrémités n'ont échappé à la gelure des vents sibériens que grâce à la gentillesse d'un restaurateur en haut du col Oberalp ! Un peu l'impression de vivre un calvaire et cela à moins de 500km à vol de gypaète de la maison. Une fatigue générale s'est alors installée : nous avions hâte de terminer ce périple...

Mais quelques jours avant d'atteindre Chamonix, le beau temps est revenu, le soleil a reboosté nos batteries biologiques et c'était avec un grand sourire retrouvé que nous avons découvert le plus beau panorama des Alpes depuis le col Furka (du Mont Rose au Mont Blanc en passant par le Cervin, unique !), les sources du Rhône depuis le glacier du même nom et l'interminable mer de glace de l'Aletsch (même si le réchauffement climatique aura bientôt raison d'elle...). Grâce au tracé de la famille Tsaga (voir post précédent) nous avons pu découvrir en Suisse une nature extrêmement riche, diversifiée et préservée.

Un dernier col (le 9ième en Suisse) et nous entrions enfin en France, on avait alors plus qu'à se laisser glisser vers Chamonix en attrapant au passage notre première chocolatine depuis 10 mois :-) Un sentiment d'accomplissement : nous étions presque chez nous et il ne restait plus qu'à écrire la dernière page du voyage, cette fois en famille !

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