Accéder au contenu principal

Equateur : à saute-lama au dessus de la Sierra


Après les premières sensations de liberté expérimentées le long de l'Avenue des Volcans de la Sierra équatorienne, et sans trop savoir de quoi serait fait notre futur en Amérique du Sud nous avons mis le cap plein sud vers Cuenca : une jolie ville pavée classée au Patrimoine mondial de l'Unesco, une ancienne cité coloniale parsemée d'églises dont les styles architecturaux sont aussi nombreux que les époques traversées. A priori, il s'agit de l'un des hauts-lieux du tourisme équatorien. Mais ça c'était avant !

Les quelques déconvenues de la première partie de cette virée à vélo en Equateur (voir article précédent) ne nous avaient pas suffisamment préparé à être autant ballottés par les éléments. 

L'info était pourtant apparue en première page du quotidien national : le volcan Sangay (5280m) présente une activité inhabituelle et s'époumone, des cendres dispersées jusqu'à Guayaquil ! Soit 175km plus à l'ouest... Et pour une fois les lignes aériennes ne seraient pas perturbées, déjà clouées au sol pour la raison que tout le monde connait :-) Et parce que nous avions décidé de traverser le parc national du même nom, nous avons été copieusement arrosé ! Très étrange que cette sensation de voir le paysage s'effacer derrière un épais nuage beige, de devoir mettre les lunettes pour éviter d'avoir les yeux collés par la cendre et d'avoir les dents qui grincent et la salive terreuse alors même que le port du masque n'a jamais été aussi recommandé ! Le bivouac doit dès lors se plier à de nouvelles contraintes : douche au camelback le soir pour ne pas péguer dans son drap de soie et lavage de la tente au petit matin quand la rosée a déposé une fine couche de cendre humide sur toute la toile : un régal :-(
Mais le bivouac suivant à l'abris des projections du volcan, pleine vue sur les lagunes d'Atillo incrustées dans le paysage aride de paramo andino restera l'un des plus beaux du voyage.

La diversité des paysages en Equateur est sincèrement sidérante. A peine le col franchi, nous basculons sans transition vers les pentes luxuriantes de l'Amazonie. La route qui se glisse dangereusement entre ces contre-forts d'une jungle omniprésente mettra à mal notre GPS : des dénivelés extravaguant nous sont avantageusement offerts alors même que nous ne donnons pas un seul coup de pédale :-) Grisant pour le moral et les stats ! Une nuit chez l'habitant le temps en bon français d'initier un débat polémique sur la gestion de la crise du Covid par les équatoriens (oups, j'ai abordé le sujet avec toute la diplomatie qui me caractérise :D), une nuit dans des villages encore bloqués par les restrictions strictes du confinement (pour un nombre de cas déclarés qui se comptent sur les doigts d'une main à travers l'ensemble du canton...) et nous devons remonter tout le dénivelé si facilement dévalé !

L'avantage des restrictions c'est que la circulation est drastiquement réduite. Et lorsqu'en plus on choisit de prendre une route coupée par des éboulements monstrueux survenus suite aux généreuses pluies des derniers jours, c'est dans une quasi solitude que l'on remonte lentement plusieurs jours durant la route nous menant à la Sierra. Nous avons d'ailleurs développé une incroyable capacité à trouver des maisons abandonnées ou en construction pour s'y réfugier le temps d'une nuit au sec : on pourrait écrire un guide :p 
Entre deux nuages d'une brume épaisse qui remontent les vallées, nous contemplons tous les 500 mètres de nouvelles cascades et torrents charriant ce trop plein d'eau déversé jour et nuit sur cette partie de l'Amazonie. Une épreuve pour les cuissots tant les pentes sont marquées mais un sacré bonheur pour les yeux quand on y voit un peu plus loin que les crampons de la roue ! ;-)

Cuenca représente une étape clé dans la suite du voyage. Une fois un hostal ouvert trouvé (la ville est majoritairement fermée, même les heures de culte dans les églises sont réduites comme peau de chagrin) nous prenons le temps de réfléchir à l'après...
Un appel auprès de Schuchu pour prendre le pouls quant à la réouverture de l'Europe, un appel auprès de nos copains Isa & Bruno coincés depuis près de 100 jours sur la côte équatorienne pour s'accorder sur les impacts de la crise Covid-19 en Equateur et Pérou et la décision est prise : les traversées du Pérou et de la Bolivie n'ont aucune chance d'aboutir, il ne nous reste plus qu'à rentrer en Europe... Branle-bas combat pour imaginer un nouvel itinéraire (que l'on vous présentera très bientôt) et acheter deux billets d'avion et nous voilà à nouveau sur la route pour rejoindre à vélo l'aéroport de Quito !

Une nouvelle épreuve nous attend : 
- d'abord sortir de la Sierra en traversant le fameux parc national Cajas. On suit alors la route qui le sillonne à 4000m d'altitude, serpentant entre une infinité de lagunes glacières donnant l'impression de traverser un gigantesque marais écrasé par des nuages persistants, 
- ensuite traverser les plaines maraîchères de la costa, véritable grenier de l'Equateur où successivement nous longerons les plantations de cacao, riz, bananes, palmiers à huile, maïs, soja, haricots, etc.
- enfin remonter sur la Sierra vers la lagune de Quilotoa (le bijou de l'Equateur), à nouveau perchée à près de 4000m !
Nous basculerons d'un extrême à l'autre : 125km de plat ou 25km et 2000mD+ avalés à la journée ! Mais quand il n'y a que très peu de bus, il n'y a pas d'alternative plus simple que les mollets pour rejoindre les hauts plateaux andins ! L'occasion de profiter des spots d'intérêt qui commencent à s'ouvrir aux touristes locaux : arpenter la crête du cratère de Quilotoa était vraiment inespéré !

Nous voilà maintenant à notre camp de base à Quito, pour une troisième fois :-) Après 25 jours de vélo, 1500km et 28000mD+ (un record, surtout au regard de l'altitude !) nous sommes bien contents d'avoir pu arpenter l'Equateur en long, en large et en travers. Nous avons finalement découvert un pays d'une diversité remarquable malgré les restrictions liées au Covid et les interactions limitées avec la population locale (distanciation oblige). Et si les parcs nationaux sont encore fermés à la randonnée, voyager à vélo nous aura permis de les traverser malgré tout pour certains (Sangay, Cajas, Ilinizas) ou d'approcher au plus près de leurs frontières leurs volcans jalousement gardés (Cotopaxi, Chimborazo).
Nous aurons sorti notre épingle du jeu et bien que nous ayons des regrets de ne pas visiter le Pérou et la Bolivie (nous reviendrons ;-) ) nous sommes convaincus que la suite du voyage sera tout autant réjouissante !

On tenait enfin à tous vous remercier pour votre soutien lors des deux mois et demi de confinement passés aux Galapagos, par vos messages, commentaires, attentions, appels, supports logistiques, etc... Cela nous a aidé à tenir et surtout cela nous a motivé à reprendre la route au plus vite, dès le mois de Juin ! Bref, un grand merci à vous ! :-)

Commentaires