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Equateur : comme un souffle de liberté !


Incroyable mais vrai, il se passe enfin quelque chose ! ;-)

Nous sommes le 20 Mai et cela fait déjà 2 mois que nous avons posé le pied sur l'île d'Isabela dans l'archipel des Galapagos. Nous avons largement eu le temps de faire le tour des quelques activités qui nous étaient encore accessibles dans le stricte respect du couvre-feu imposé à 14h. Nous commençons à sérieusement tourner en rond : il est grand temps de changer d'air et de retourner sur le continent ! 

Ni une, ni deux, nous choisissons de profiter d'un vol de retour sur Quito dans 3 jours, organisé par la compagnie nationale équatorienne TAME à laquelle nous avions acheté nos billets AR (pour le mois de mars). Ni une, ni deux, le président opère des coupes budgétaires drastiques dans le budget de l'Etat et met en liquidation la-dite compagnie ! Bref, ce n'est que la seconde compagnie aérienne qui nous fait défaut depuis le début du voyage (après XL Airways)... celle sur laquelle nous jetterons notre dévolu pour rentrer en Europe n'a qu'à bien se tenir ! :-) Finalement, c'est la compagnie chilienne LATAM qui nous permettra de rejoindre enfin (!) nos vélos à Quito le 23 Mai ! Youhou !
On remercie LATAM quasi réquisitionnée, car l'avion TAME initial devait rappatrier du continent des îliens coincés depuis le début de la pandémie ! Et comme, on entre pas aussi facilement aux Galapagos qu'on en sort, chacun avait du réaliser un test PCR à 100$... test valable uniquement 3 jours pour les autorités ! Bref, la municipalité a maudit le président et supplié LATAM.

L'avantage des grandes villes, c'est l'anonymat de chacun. A mesure que l'on s'acclimate, on prend le pouls d'une vie urbaine covidée (un fin mélange entre le mouton et le corbeau!). Si tout le monde porte son masque (obligatoire), certains ont choisi de s'appliquer des règles d'hygiène redoutables : la combinaison intégrale, le masque (voir même un sur-masque) et la visière en plexiglas ! C'est futuriste... mais combinaison ou pas, tout le monde est désinfecté avant d'entrer dans les rares boutiques ouvertes : mains, semelles et même corps entier ! Entre les marchands ambulants (vendant désormais, masques et combinaisons intégrales) qui n'ont plus que l'espoir pour survivre et une multitude de policiers et agents municipaux en charge de faire respecter les règles de distanciations, nous procédons à quelques emplettes vitales (du chocolat bien sur !) et nous rendons compte que personne ne nous empêche de nous balader dans la ville. Une journée paisible à vélo sur les hauteurs de Quito revigore notre optimisme : je propose un trek de plusieurs jours à l'ouest de Quito, Tiphaine propose une reprise du vélo, la messe est dite, nous repartons dans quelques jours sur nos montures :-)
Une modification du couvre-feu à 18h symbolisera le feu vert du gouvernement à notre égard !

Puisque nous ne savons pas vraiment à quelle sauce nous serons mangés dans les prochains mois (ouverture ou non de la frontière péruvienne, retour en France faute de mieux, autorisation de débarquer en Colombie Britannique pour taquiner le grizzli, etc.) je me propose de rallonger le parcours initial de la traversée de l'Equateur en rajoutant à notre "Avenue des Volcans"... d'autres volcans ! 

Mais c'était sans compter sur un karma peu en phase avec nos envies : 
- alors même que nous sommes en saison sèche, la météo fait des siennes et vient nous arroser copieusement la face plusieurs jours durant ("el tiempo es loco" qu'ils disent), 
- alors que nous pensions trouver de jolies pistes en terre, nous découvrons que les Incas ont légués à leurs descendants équatoriens l'amour de la piste en galets (l'enfer même du cyclotouriste), 
- alors même que nous n'avions rien fait pendant 2 mois et que nos cuissots s'étaient secrètement atrophiés autour de leurs os, voilà qu'il fallait encaisser des montées raides faisant grincer les genoux ! 
Alors, lorsque arrêtés sur le bord d'une piste de galets rendue glissante par la pluie et exténués d'avoir encore poussés nos vélos sur 2,5km en presque 2h, une vieille dame emmitouflée dans son poncho et appuyée sur son bâton de vachère est venue nous demander ce que nous faisions là "puisque de [son] avis, plus loin sur la route les communautés indigènes nous empêcheraient de passer pour cause du covid", alors, nous avons accepté de subir notre premier vrai but du voyage ! Comprenez échec ;-)

Nous opérons un demi-tour laissant tomber le volcan Cayambe (5790m) et partons le lendemain vers le volcan Antisana (5753m). Plus rôdés mais toujours autant humides, nous aurons le plaisir d'admirer nos premiers condors dans les gorges de la réserve écologique. Bien que nous nous fassions refouler à l'entrée du parc menant au volcan (encore un but, il va falloir s'y faire, tous les sites touristiques/naturels sont fermés pour une durée encore indéterminée) nous aurons l'autorisation du garde parc de randonner à vue dans la pampa d'altitude équatorienne (à environ 3900m) et pourrons même observer le volcan 10s dans une trouée de nuage. Une nouvelle drache et nous nous replions à l'abris dans une cabane plus ou moins abandonnée : selon la couleur des cantons (rouge, jaune ou vert - ici en rouge), les hôtels et restaurants sont encore fermés au public et nous devons trouver des squats incognitos pour se protéger de la pluie et poursuivre le voyage...

A force de patience, nos efforts sont enfin récompensés : la montée vers le Cotopaxi (volcan emblématique de l'Equateur dont le cône parfait culmine à 5897m) nous offre des vues sur la montagne époustouflantes. Le vent tend attendu (c'est bien la première fois que nous en voulions !) a fini par chasser les nuages pluvieux et nous pouvons rouler tranquillement sur une piste en terre (on aime !) jusqu'à l'entée nord du parc Cotopaxi... fermée ! Bon, ça, on s'y attendait, mais encore une fois le garde-parc nous laisse vadrouiller à la périphérie du parc pour capturer le volcan sous tous les angles. Nous sommes aux anges !
D'autant plus, que nous avons faillit faire un nouveau demi-tour dès la mi-parcours : un barrage à l'entrée d'un hameau d'une trentaine de maison de part et d'autre de la route... passage interdit pour cause de covid ! Les municipalités interdisent assez fréquemment l'entrée dans leur village sauf raison impérieuse, même si celui-ci est sur la seule route du coin ! Compréhensifs, ils nous ont malgré tout permis de passer après avoir désinfecté vélos et sacoches...

Premier beau bivouac au pied du Cotopaxi, mais cette nuit de pleine lune et venteuse nous laissera au réveil un sentiment d'injustice : les sacoches des vélos ont été ouvertes pendant la nuit (à moins d'un mètre de la tente), la moitié de mes vêtements ont été dérobés... Cela aurait pu être pire (passeports, réchaud, pc, etc.) mais c'est pas comme si nous avions décidé de porter des affaires qui nous étaient inutiles. Une vague enquête sans résultat auprès d'ouvriers que le garde-parc soupçonne et nous repartons bredouille me chercher un nouveau short dans une ville dont toutes les boutiques sont fermées...  Je ne crois pas connaître quelqu'un qui soit allé au Pérou, en Bolivie ou en Equateur en mode "sac-à-dos" et qui ne se soit fait voler quelque chose. C'est 3ème fois pour moi, une fois dans chaque pays ! Bref, le continent tient ses promesses !

Un peu fatigué des restrictions toujours présente dans le cantons "rouge", on décide de changer d'approche et de ne plus viser que des cantons "jaune" où la vie a repris ses droits (hôtels et restaurants ouverts, magasins de vêtements...) et un couvre-feu à 21h ! Sur les 220 cantons de l'Equateur, seuls 2 sont en vert... les municipalités, seules à pouvoir définir la couleur, semblent attendre un éventuel vaccin.

Toujours attirés par les volcans nous continuons notre route vers le volcan Chimborazo (6268m), le point le plus haut d'Equateur et, de part la forme de notre planète pas si ronde, le point de la Terre le plus proche du Soleil ! Nous croisons l'Illiniza (5248m) et le Tungurahua (5016m) alors que nous parcourons l'autoroute entre Quito et Ambato dont la voie d'arrêt d'urgence sert de piste cyclable à l'ensemble des cyclistes du pays (et ils sont nombreux !).
De valons cultivés par une population indigène traditionnelle (ponchos, laines et chapeaux) en portiques de désinfections installés par les communautés, nous nous enfonçons sur des lacets bordés d'eucaplyptus pour enfin traverser le "paramo andino", espace désertique à 4000m d'altitude où broutent placidement les vigognes sauvages et autres lamas d'élevage. Encore une fois les nuages soufflés par le vent nous permettent d'admirer les pentes glaciaires du Chimborazo et de profiter à fond de cet environnement andin typique. On poussera même le vice jusqu'à passer une nuit glaciale à 4400m à l'entrée (fermée vous l'aurez deviné) du parc afin de profiter des dernières lumières du jour s'effaçant sur le volcan : Chevre (prononcez Tchèbré, i.e. génial en équatorien) !

Depuis Riobamba (enfin une ville "jaune" qui a donc des restaurants et hôtels ouverts - nous sommes pour le notre les premiers touristes depuis le 16 Mars), nous continuerons notre avenue des volcans en faisant un crochet par l'Oriente (l'Amazonie) pour rejoindre Cuenca.

Vous voilà arrivés au bout de cet article, cela faisait tant de temps qu'il ne s'était rien passé que je n'ai pas réussi à être concis ! Trop d'excitation, vous m'excuserez j'espère ;-)

Commentaires

  1. Bon redémarrage, mais ne pas mettre dans la tente le passeport et la tablette, alors là les jeunes c'est jouer à la roulette équatorienne !!
    Une nuit à 4400 sans fringue, c'est du masochisme.
    Bises.
    Togo.

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