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Galapagos : état des lieux après 8 semaines de confinement insulaire !


Sans trop vous gâcher le suspens, comme vous pouvez vous en doutez, tels d'irréductibles gaulois, nous y sommes encore et toujours !

Mais qu'est-ce qui peut bien se passer dans nos petites têtes pendant et après 8 semaines de confinement sur l'île Isabela de l'archipel des Galapagos ? Rappelons-le, cette virée sur une île paradisiaque devait être notre petit extra du voyage, un séjour éclair (10j) immergés dans un environnement unique... Mais à cause du Covid-19, il a fallu s'adapter. Comment, sans tourner bourrique sur un désert de lave infini ? nous allons essayer d'y répondre ;-)

Une fois les premières déconvenues passées à notre arrivée sur l'île (dont notamment la fermeture totale du parc national des Galapagos - l'archipel étant entièrement inclus dans ce parc, cela revient peu ou prou à interdire d'être sur l'île - et la mise à la rue par le propriétaire de notre premier hôtel) nous avons trouvé refuge chez Sarita, dans une petite auberge à l'entrée du village où nous avons commencé à organiser notre confinement.
A ce stade là, nous étions encore confiants et optimistes, tout fier de l'Equateur qui avait mis en place un confinement stricte la veille de celui imposé par le gouvernement français. Tous les jours nous foncions sur les relevés des ministères de la santé et comparions les évolutions des courbes : l'Equateur ayant au début de leur confinement très peu de cas (55 cas) et encore moins de morts, nous imaginions que par son exemplarité, la crise serait contrôlée et le bout du tunnel déjà presque visible. Tout était réuni : un couvre feu à partir de 14h, une restriction de la circulation des véhicules en fonction du dernier numéro de leur plaque d'immatriculation, la fermeture de tous les commerces exceptés les banques, pharmacies et supermarchés. Bref, il ne nous restait plus grand chose à faire à part rendre visite aux otaries sur le ponton du port et prendre des nouvelles de la famille et des amis.

Optimistes donc, nous révisions nos plans en se disant qu'au pire, les sections de roulage ennuyantes entre Cuenca (Equateur) et Trujillo (Pérou) pourraient être faites en bus, pour rattraper le temps perdu.

Pour occuper nos matinées, nous nous baladions sur la plage, tentions quelques sorties snorkeling, arpentions le désert de lave à l'ouest de l'île sans trop savoir ce qui était autorisé / interdit / interdit mais que les français pouvaient s'autoriser :D
Il faut dire, nous avons bataillé dur pour débusquer des canaux d'information fiables : entre ce que disait la voisine française, notre logeuse, sa vieille tante accrochée à son smartphone, la police, la municipalité, les gardes côtes ou gardes parcs et enfin la presse, nous entendions de tout et son contraire avec une majorité d'absurdités et fakes news dans l'air du temps... Le must, repérés sur la plage par les employés de la municipalité qui sans sortir du pick-up (certains ont oublié comment marcher par ici... bien trop fatiguant !) nous ont envoyés les gardes côtes qui nous ont déclaré dans leur meilleur espagnol : "savez-vous qu'il y a une épidémie dans le monde - aaahh bon ?! - et qu'il est interdit de marcher sur la plage et encore moins de se baigner, des gens jettent les cadavres du covid-19 dans la mer, elle est donc contaminée !".
A ce stade, sur l'archipel, 3 cas positifs, un mort... et nous sommes à 1000km du continent. J'aurai voulu monter au créneau mais Tiphaine m'avait prévenu qu'il valait mieux faire l'idiot que l'inutile rebelle-justicier et donc en très mauvais espagnol, nous avons répondu : Si senor !

L'après midi, le temps est principalement occupé à la lecture, la cuisine, la lessive (nous n'allions tout de même pas gâcher l'occasion d'une lessive à la main par l'utilisation d'un lave-linge, cela aurait été une perte de temps... occupé ;-) Des repas en décalage total avec les mœurs d'ici (petit-dèj à 8h au lieu de 6, déjeuner à 15h au lieu de 11 et dîner à 20h au lieu de 18) et un film pour terminer la soirée (merci à Julie et Romain de nous avoir partagé votre médiathèque) et nous pouvions graver un trait sur le mur.

La nuit nous dormons pendant que les dits-films se téléchargent : la bonne connexion internet est ici inversement proportionnelle à l'occupation de la population. Durant l'après-midi, seules les pages wikipédia arrivent à se charger :-)

Le premier coup dur a été l'annonce d'un couvre feu de 24h sans date de fin, mais des rumeurs annonçant jusqu'à 5 jours... J'ai instantanément sombré dans la déprime. Travail psychologique forcé, nous avons réfléchi à quelles étaient les libertés qui nous paraissaient vitales : Tiphaine celles de la décision et du choix, moi du mouvement. Avec un confinement continu, j'étais au fond du trou. Heureusement, il n'a duré qu'une journée, le temps à la municipalité de faire le tour des familles et diagnostiquer les personnes ayant pu être en contact avec un proche d'un proche d'une personne malade. Bingo, notre logeuse gagnait le droit à une quatorzaine, mais heureusement nous y échappions. Il faut dire que Sarita avait été en contact avec un ami d'un cousin d'une personne ayant attrapé le covid, contact au 3ème degré. Elle s'est exilée dans une chambre avec cuisine, nous avons dès lors pris nos quartiers dans la cuisine inoccupée ! Nous avons, il est vrai, cette capacité remarquable et naturelle (car physiquement prouvée) à combler le vide :-)

Puis les jours passant, la saison des pluies est arrivée accompagnée de celle des retours organisés pour la France. Heureusement celle qui mouille, après une semaine de drache continue s'est estompée, nous redonnant du baume au cœur et laissant une île vidée de ses touristes (nous ne serions plus que 6). Bien évidemment nous avons étudié l'alternative de rentrer en France et sommes restés éveillés de longues heures : to stay or not to stay, that is the question !
Un petit tour sur internet pour prendre la température auprès des autres voyageurs et cyclo-voyageurs et se rendre compte que notre situation n'est pas si pire : nous n'étions pas bloqués dans une capitale bondée avec une vue sur un mur de parpaings et une population hostile à la présence d'étrangers blancs porteurs présumés du redouté virus... nous n'avions pas non plus terminé notre voyage une semaine seulement après l'avoir débuté suite à la fermeture des frontières. Nous étions indépendants et autonomes sur l'île payant un loyer modéré permettant à notre logeuse de subvenir aux besoins de ses enfants bloqués sur le continent. Nous n'avions rien en France - ni travail, ni appartement, ni bien plus de libertés et une famille elle-même confinée et à risques -, et avec à l'époque un retour à la normale envisagé pour début Mai, nous espérions encore sauver les 4 derniers mois du voyage pour visiter un pays dont nous étions devenus des quasi-résidents sans en avoir vu plus qu'un bout de plage assiégé d'iguanes :-)

Bref, pourquoi rentrer ? Tout en sachant qu'il fallait prendre un bateau qui n'existait plus, un avion improbable à destination de Quito, récupérer nos vélos, les emballer, avoir le droit de monter dans un avion de retour pour Paris ou l'Europe dont le prix est aussi élevé que le niveau de vie du pays organisant le retour (je n'ose pas vous donner le prix de l'avion de rapatriement suisse...) et en tant que trentenaires sans enfants, nous ne sommes pas prioritaires sur le rapatriement. Enfin trouver un logement et se mettre en quatorzaine... Alors même si la très grande majorité des voyageurs au long cours sont maintenant en France, je repose la question : pourquoi rentrer ?

Le confinement s'éternisant, nous avons réalisé de nouvelles activités, fitness sur la plage (avec une motivation classique : 4 séances la première semaine, 2 la suivante, aucune depuis... :D), jardinage avec le voisin ou la logeuse, cueillette de noix de coco, ramassage des déchets plastiques sur la plage apportés par les marées, sorties snorkeling dans une magnifique baie remplie de tortues découverte à 1h de marche du village à force d'arpenter le désert de lave, session vélo dans l'arrière pays pour aller récolter des fruits dans la ferme de Sarita, cuisine de plats plus élaborés (et même avec plus de 2 ingrédients !), réflexion et voyages intérieurs à l'écoute de podcasts émotionnels ou d'aventures, parties de jeux de société endiablées à l'issue souvent malheureuse pour moi mais rassurez-vous je reste très bon gagnant ;-), une longue identification de tous les oiseaux croisés depuis le début du voyage (comment ça, cela ne vous intéresse pas ?!), des visio-conférences avec la famille et les amis (quelle bonne idée que de prendre un ordinateur pour ce voyage), une mise à jour du CV et quelques candidatures spontanées gardant le cap d'un retour en septembre, etc. Tout ça entre 8h et 14h, heure du gong initiant le couvre-feu !
Une occupation peut-être variée mais extrêmement rare au final et les semaines nous semblent bien longues... car pour nous, sans travail, projet, ou affaires personnelles, tous les jours ressemblent à des dimanches. Et on donnerait cher pour ne serait ce que faire le ménage de printemps de notre appartement ou repeindre les volets, et pouvoir pour une fois bénéficier du bonheur que procure la satisfaction du travail accompli !

Vous l'aurez compris, cette vie singulière sur une île paradisiaque mais confinée n'empêche pas des baisses de moral épisodiques, des ascenseurs émotionnels. D'abord à l'écoute des reformes d'un gouvernement qui veut relancer la vie et une économie en berne (car ici, tout est arrêté, jusqu'au services funéraires d'où les fameuses images de la ville Guayaquil ensevelit sous ses morts). Puis ensuite au travers de la réaction des chefs de cantons qui ont rejeté toutes les propositions du gouvernement par principe de précaution. Ne sachant quelles décisions prendre, ils décident de n'en prendre aucune : confinement et couvre feu dès 14h sont maintenus sans date de fin. Attendent-ils vraiment le vaccin ? Au risque que la population meurent de faim avant de mourir du Covid... nous ne sommes pas sûrs de comprendre.
Alors s'installe un ennui lancinant et le sentiment qu'il est temps de faire le deuil d'un voyage qui ne se terminera pas dans l'allégresse imaginée. Asi es.

Quelle suite donc ? Nous gardons l'espoir de rouler en Equateur courant Juin. Cela serait un bon début. Nous avons arrêter d'imaginer des plans B avec un futur si incertain. Donc pour l'instant, attendre et patienter, bien évidemment :-) Il n'y a pas d'alternatives, covid est plus bien fort que Trump, Macron et Xi Jinping réunis !

Nous vous souhaitons encore un peu de patience avant votre déconfinement progressif du 11 Mai, nous espérons surtout que vous et vos proches êtes en bonne santé ! Prenez soin de vous et vive les pélicans !

PS : Merci à vous chers lecteurs : en écrivant cet article 2h de notre temps ont été rudement bien occupés !

Commentaires

  1. Bonjour les jeunes. Nous partageons votre ennui sans savoir jusqu'à quand. Les autorités finiront par ré-ouvrir les communications et les déplacement. Courant juin surement. Et vous pourrez repartir sur vos byclos. Nous attendons les prochaines photos de l’Équateur.
    Bises. Togo

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  2. Courage! Vous avez tres probablement pris la bonne decision de rester sur place - la situation en Europe est vraiment pas ideale pour voyager ou que ce soit de toute facon. Gardez la motivation et vous pouvez toujours vous lancer dans une nouvelle taxonomie des oiseaux! Zimb

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  3. Merci pour les nouvelles, il me tardait de savoir comment cela se passait pour vous. Pas facile de garder tous les jours le moral, quelles que soient les conditions ou le lieu du confinement... Vous semblez quand même mieux sur votre île que coincés dans la capitale pour l'instant
    Bises Eloïse

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  4. Merci à vous, surtout, de partager aussi les aléas de votre voyage et les fluctuations de votre moral... Avec un sens de l'humour encore au rendez-vous ;)
    On compatit, on croise les doigts pour la poursuite de votre voyage.
    Bises
    ACl

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  5. On pense fort a vous !! Si seulement vous aviez une connection digne de ce nom on aurait facilement organisé l'école a distance avec tonton Oliv et Tata Tiphaine, des cours d'espagnol, des choregraphies andiablées à distance.... Enfin, on vous aurez donné de quoi vois occuper ! On vous embrasse bien fort. Patience et longueur de temps font plus que force ne que rage !!

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  6. Salut les jeunes trentenaires, futur oxymore? ;-)

    et oui, c'est comme une traversée du pacifique en très grosse pirogue (avec des flotteurs bien attachés). École de patience, méditation en regardant les tortues qui passent et l'une ou l'autre qui repassent (après la ballade sur la lave, la lessive à la mano, et tant qu'à laisser filer le temps, autant le faire à repasser...).

    Ici-bas, la saison de ski a aussi filé sans que l'on puisse l'attraper (100 kms de Lyon pas facile), sauf pour un rude Ibère (doux pourtant cette année) qui fait rêver ses collègues de bureau et qui a encore des attaches à Grenoble. Mais ça doit être la fin, quoique, quelques gouttes froides sont annoncées la semaine prochaine.

    En France, c'est l'embellie avec les bénéfices du confinement sans ressentir les effets économiques de façon trop marquée pour l'instant. Je ne sais pas les nouvelles que vous avez mais l'Amérique latine semble en difficulté pour l'épidémie? Un petit retour par le canal de Panama et les Antilles (je continue mon délire nautique interposé). Faut penser au bateau stop, ils vont revenir!

    Sympa d'avoir des nouvelles du bout du monde pour des jeunes Lost in the Swell, chasse sous-marine (hors des parcs) pour agrémenter l'ordinaire?

    Bye, bye
    Frédéric.




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  7. Un mois après la publication de votre message... peut être la situation s'est elle améliorée pour vous. Dans tous les cas je pense bien a vous. Je suis certaine que vous sortirez de cet ascenseur émotionnel ou l'ennui vous a confiné (en plus de ce virus) et que vous pourrez remonter bientôt sur vos bécanes pleins d'enthousiasme. Remettez vous au fitness sinon vos muscles vont hurler quand vous remonterez.;-) Gardez le moral et le sens de l'humour...c'est la clé pour la sortie. Des bises. Marion

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  8. Merci à tous pour vos messages de soutien et d'encouragements. Les choses évoluent positivement, l'Equateur en ce moment et un nouveau projet d'itinérance pour bientôt... 😉 On vous tiendra au courant dans la prochaine quinzaine !
    La bise à tous
    Olivier

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