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Galapagos : c'est parti pour durer !



Compte-à-rebours

Jusque là tout c'était enchaîné plus ou moins sans accroc, malgré un timing plutôt serré :
- Une arrivée en Equateur par la frontière terrestre colombienne, la veille de la mise en quarantaine systématique des nouveaux entrants,
- Une annulation du billet d'avion aller par la compagnie, 10h avant le décollage, pour finalement procéder en urgence à un échange avec une compagnie partenaire,
- Un transfert entre Quito et l'île de Santa Cruz le 13 mars, la veille encore de la mise en quarantaine systématique des nouveaux entrants !

Bref, à ce rythme on devait avoir les Galapagos pour nous seuls ;)

On passe deux jours et demi sur l'île de Santa Cruz, l'occasion de prendre la mesure du potentiel ! Des iguanes de lave qui se prélassent au bord de l'eau, des tortues terrestres véritablement énormes, des tortues marines presque aussi grandes, des bébés requins qui viennent chercher les poissons jusqu'à la plage... Après une telle introduction, c'est avec grande envie que nous embarquons sur un bateau pour Isabela, la plus sauvage des îles habitées des Galapagos : pas d'aéroport et accessible uniquement en 2h de bateau.

Arrivés surmotivés sur l'île le 16 mars, à 9h30, nous apprenons dans l'heure l'annonce officielle de la fermeture des parc nationaux en Equateur... Et là, c'est le drame. Il faut dire que les annonces (et bruits de couloirs) se multiplient depuis deux jours ! On en était pour l'instant "juste" à une fermeture complète de l'espace aérien international dans le sens entrée/sortie au 15 au soir pour les étrangers. Les équatoriens avaient jusqu'au 16 au soir pour rentrer au pays avant la fermeture définitive des frontières...

Bref, on atteint l'île d'Isabela, et après nous, plus aucun bateau n'arrivera. Le parc national des Galapagos est fermé. Cela équivaut à dire que l'ensemble de l'archipel est interdit au public, exception faite pour les villages qu'il est désormais interdit de quitter ! Puerto Villamil, du haut de ses 2000 habitants (en pleine activité, 5-10 fois moins en temps de crise), est notre port d'attache !

Le soir même de notre arrivée, après une après-midi à observer les otaries et nager "aux limites" de la barrière village/parc, on nous fait comprendre que demain partiront les derniers bateaux avant bien longtemps... mais qu'ils sont pleins :)

L'occasion de sous-entendre aussi qu'un arrangement est possible pour les gens "financièrement" généreux... non merci, on reste ! Le propriétaire de l'hôtel nous encourage à rester, ses derniers touristes ! Hors de question de lui échapper... il n'y croit guère, persuadé que le "ministère du tourisme" l'aurait prévenu ! On imagine aisément dans quelle merde noire est actuellement le ministère du tourisme.

Confinement et couvres-feu, la sur-enchère

Le président équatorien annonce la mise en place du confinement dès le lendemain, soit le 17 mars, alors que l'Equateur ne compte encore que 58 cas positifs. L'idée est en deux temps :
- Bouter hors du pays tous les européens venus répandre le virus pendant leurs vacances,
- Eviter la propagation dans la population équatorienne.

Bref, on va pas vous expliquer le confinement, mais ici ça a démarré fort dès le début. On note également l'obligation de fermer toute les entreprises de plus de 30 salariés, quand la France joue encore avec ses ouvriers...

Mais surtout les couvres-feu, d'abord 19h, puis 16h et finalement de 14h à 5h du matin, fermeture des alimentaires à 12h30. Surement le plus efficace, plus personne n'a la moindre raison de sortir...

Espérons qus l'Equateur s'y soit pris à temps... mais espérons également que la gestion gouvernementale soit meilleure que la locale ! Petit exemple de l'efficacité équatorienne, quand le propriétaire de notre hôtel a décidé de nous mettre à la porte au bout de 3 jours (triste monde capitaliste où la rentabilité est reine!). Geste un peu gonflé et illégal dans ces périodes troublées mais aucune des autorités n'aura le courage de lui en parler. Nous voici confiné dans la rue (!) alors que les hôteliers ont fermé, avec interdiction formelle de reprendre des touristes.

13h, on finit au commissariat pour mettre un peu la pression aux autorités qui avait décidé de parquer tous les blancs au même endroit dès à présent. Pendant 5h, rien ne se passe, on attend et raconte notre vie successivement à la totalité de la caserne. 18h, un policier nous demande si on serait pas mieux ailleurs. un génie, c'est certain. S'en suit une grande discussion où on rappelle la base du problème : on peut être évacué dès demain ou bien rester coincé jusqu'à la fin de la crise, personne n'en sait rien. Donc un hôtel (avec un tarif de crise) ou un appart ça peut marcher.

Là, il appelle un collègue (ici depuis le début) qui a un studio à louer, on demande à voir, le mec négocie le prix et part jouer aux cartes ! A la nuit, 1h plus tard, les locaux se rappellent de notre présence, il a perdu aux cartes, on part visiter. Apparemment le mec vit encore dedans, il fait 35°C et y a pas un ventilateur. On dit non, ce qui semble être du bon sens pour tous les autres.

Le maire débarque au commissariat, il a trouvé un hôtel, banco (!) on y va. On descend même pas de la voiture de police car on sait nous même qu'il n'y a pas de cuisine. Et comme il n'y a pas de restau... Tout le monde se moque du maire, le bon sens se réinvite dans la voiture.

Heureusement, une française qui vit ici nous a arrangé le coup avec sa voisine Sarita qui gère un hostal. Arrivée chez Sarita, fabuleuse, elle nous prend chez elle, on partage sa cuisine, elle parle de "solidarité", "chaos international" et "entraide", etc. On peut rester pour quasi rien du tout, on paye juste notre part (eau, électricité et le minimum syndical) !

Insulaires, au jour le jour 

En confinement certes, mais avec une mini-marge de manœuvre, on est quand même sur une île paradisiaque perdue dans le Pacifique à 1000km du continent !

Pour tout dire, Sarita nous a même emmené faire une entorse au confinement avec sa famille pour aller à leur ferme dans les hauteurs cueillir des fruits. C'est sur qu'ici, quand on parle de sortie uniquement pour "l'alimentaire" les gens adaptent un peu ;)

On avoue également (entre sessions cuisine, lecture, lessive et whatsApp) sortir pour aller se baigner quand la chaleur est trop forte, la plage est quand même magnifique et on peut toujours espérer y croiser des animaux ! Quelques visites aux otaries qui squattent le port, monopolisant tous les bancs, et on a fait le tour des escapades acceptables !

Au final et après maintes hésitations, nous avons échappé aux velléités locales visant à nous ramener sur le continent et nous sommes désormais définitivement coincés sur cette île. Il faut dire qu'on a été contacté une unique fois (en toute franchise on essayait plutôt de se faire oublier), en mode "dernière chance". Un appel à 22h pour un départ le lendemain 5h du matin, sans connaître le prix du bateau jusque l'aéroport (estimé entre 50$ et 100$/tête), ni même si l'avion avait encore des places et si il nous faudrait payer un billet... (quand on voit les tarifs actuels, mieux vaut ne rien risquer). Sans oublier la mention nous rappelant que "quoi qu'il se passe, vous ne pourrez pas revenir sur l'île." Vous avez 30 minutes pour décider :)

Bref, on est resté et on est bel et bien coincé !

Pour finir, il faut bien aborder l'effervescence qui a entouré cette mise en confinement. Car, ici le voyageur au long court va vraiment à contre courant. Quand tous les touristes (comprendre ceux qui n'ont que 2-3 semaines de vacances ;-)) souhaitent partir pour rentrer au plus vite, le premier se fait tout petit et laisse couler un peu le temps de voir venir. L'occasion de quelques discussions hallucinantes, ou sous les yeux ébahis des touristes on hésite à changer d'île pour s'approcher d'un éventuel aéroport, voir même on refuse.

Mais fort bien nous en a pris, car une fois que les gens essayent de partir, ceux qui n'y arrivent pas deviennent désespérés. Le climat blancs/locaux est resté acceptable, quelques incidents mineurs, mais aucun depuis que la quasi totalité des blancs ont quitté l'île et que les locaux sont massivement partis cueillir des fruits. Plus que 6 étrangers ! C'est comme partout 95% de gens normaux et 5% de haine. Mais on peut comprendre. Pour nous tout est resté au bleu... on espère que tout ça se tassera, que le pays ici a réagit suffisamment vite, et que nous auront enfin la chance de pouvoir pédaler sur ce continent !

Prenez bien soin de vous !

Tiphaine

Commentaires

  1. Salut à tous les deux,
    Que d'aventure ! Vous voilà donc en pause forcée à l'entracte de votre parcours. Le point de chute ne semble pas si pire ! juste dommage de ne pas avoir accès aux parcs en ce moment... C'est le retour en selle qui risque d'être dur si la parenthèse se prolonge ;).
    Ici l'ambiance générale n'est pas au top de l'optimisme, et pour les activités d'extérieur, c'est rapé... On espère l'accalmie pour les ponts du mois de Mai. Qu'à cela ne tienne, c'est l'occasion de prendre du temps pour peaufiner des projets et se nourrir de partages sympas comme votre blog !!
    Un vrai plaisir de pouvoir vous lire et vous suivre dans ce voyage. J'espère que la parenthèse corona ne sera pas trop longue et empêchera pas la suite des aventures. D'ici là profitez bien des iguanes et continuez à donner des nouvelles !
    Bises de la Drôme,
    Arnaud

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  2. Merci pour ces nouvelles, ça fait du bien de vous savoir confiné dans un bel endroit. J'espère que cela se passera bien pour vous, de l'extérieur, maintenant vos péripéties de logement passées ça me semble plus calme qu'ici... en tout cas peut-être mieux géré parce qu'en France, que d'incohérences dans la gestion de tout ça!
    J'espère vraiment que le gouvernement équatorien aura su réagir assez vite!

    La bise aux tortues.

    Eloïse

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  3. Salut!
    Je vous avez envoyé ce texto le 4 mais vous ne l'avez pas reçu je pense:
    "Sympa tes photos et commentaires sur famileo. Les bananes frites en rondelles, c'est super bon aussi. L'important c'est que vous alliez bien et finalement, où qu'on soit, c'est bien du moment qu'on puisse mettre le nez au Soleil. Noémie est mieux ici qu'à Paris. Elle continue à bosser d'en haut. Mathias , a retrouvé ses jeux vidéos d'avant. Pierre repeint la girafe et moi ,de prof, je suis devenue geek;il faut envoyé chaque jour le travail et la corrections aux zozos. J'espère que Tiphaine a trouvé un peu de terre pour s'occuper."

    Aujourd'hui c'est le dimanche de Pacques. On va pouvoir manger le traditionnel panini. Non je plaisante, je suis sure que tu n'as pas oublié le repas de Pacques avec nous.
    Aujourd'hui, plus rusée, j'ai demandé aux enfants de faire un plat chacun. ça va les occuper.
    En face de la piscine, un peu fraîche certes, dans la joie d'être tous les 4 réunis, on est plutôt heureux. Pierre et Mathias ont enfin reçu hier la barre de traction commandée le lendemain du jour 1 , ils vont pouvoir remuscler tout ça. Moi, je suis en vacances pour 2 semaines et je m'entraine à fabriquer des chocolats. Noémie continue à bosser mais a donné sa dem pour aller chez Filorga, une autre marque de cosmétique.
    Quant à Lucile, elle a une vie plus tranquille depuis qu'il y a le covid puisqu'ils ont vidé les hopitaux et qu'à Toulouse, la situation est calme. Il reçoivent surtout des patients du grand-Est, là où ça chauffe plus. Elle s'attendait à une vague qui ne s'est pas produite.
    Demain, Macron va nous causer, on espère avoir une sorte de laisser -passer. Suspense...
    Voila le tour des news, j'espère que tout va bien pour vous, vos photos sont top et vos récits savoureux , même si je les lis 3 h apres la bataille.
    On vous embrasse très fort. Il nous tarde de vous revoir.

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